Le dos d’un enfant s’appuie au réverbère. Comme on entend le claquement des talons sur le bitume des trottoirs et je passe. La lune s’est accrochée aux frondaisons des platanes, têtes réduites. Filet lâche au matin bruissant. Bientôt, je m’échapperai de la ville, mais prisonnière je crains de rester, qui s’est insinuée dans mes veines. Adieu. Je respire.
La fenêtre haute vue sur étoiles rectangulaires aux crépuscules qui ne s’éteignent pas. Toutes lumières jaunes tournées vers le bas, factices enceintes sans portes. Tu ne t’échapperas pas. Seule la lune arrive à percer la muraille, un judas sur l’autre, intrus, étranger. Adieu. Je me dessille.
Une voix est couverte par les cris d’enfants. L’air tremble et vibre, le plomb se transforme parfois en or, le soir, dans le grondement d’une mer sans ressac. J’y lance des vœux, hameçons émoussés en forme de nuages, le regard posé devant moi, sur le mur. Un coin de l’affiche décollé comme invitation à tendre la main. Adieu. J’entends.
J’irai toucher le paysage des terres finies, sans cesse érodées. J’irai rendre l’humus à la terre. J’irai dormir en ce jardin ensauvagé piqueté d’étoiles.
Adieu.
Je quitte bientôt la ville qui m’a enfantée.
©Brigitte Célérier
« ce jardin ensauvagé piqueté d’étoiles »…
J’y suis, je vois très bien…
Je vous le jalouse peut être.
J’adore ce texte et ses images, presque une photo.
L…….uc,
Rien ne vous empêche de venir m’aider à récolter les pommes et à cueillir les stellaires. Si un jour vous mettez le cap à l’ouest…
La Méduse,
Merci beaucoup!
(je me demandais… c’est toujours la Méduse qui laisse des commentaires, et le Renard qu’en pense-t-il? Je suppose qu’il ne doit pas être apprivoisé…)
J’adore le mot « ensauvagé ».
J’adore ta nouvelle illustration de blog.
Rhaaaa tant mieux j’en suis folle également.
la prison s’est insinuée dans mes veines ! ah ! c’est juste c’est fort…. J’aimerais bien trouver aussi ce « jardin ensauvagé piqueté d’étoiles » pour oublier tout ce qui m’a emprisonné insidieusement dans ma vie !!!
Carole,
Est-ce qu’on peut oublier?
Je chemine lentement vers la libération. Je me demande si en se libérant progressivement de ses aliénations, on acquiert un surcroît de liberté ou si la liberté est inatteignable car absence totale d’aliénation?
Ce jardin, c’est un jardin qu’on ne peut trouver qu’en nous-même, il est déjà là, mais la plupart du temps on tourne autour sans le voir.