Jour de congé

Quelque chose de moi s’est enfui. J’ai juste pris ma soirée me dit-elle. Mais quand tu t’en vas, le silence s’installe à ta place. Pas ce silence transparent, plein et vide à la fois, que j’invite volontiers chez moi. Qui peut m’habiter en même temps que toi. Non, une autre espèce, gluante, intruse, sans gêne. Qui noie les étincelles dans une pâte à beignet, qui repeint les murs d’une couleur floue et poisseuse, qui choisit de prendre ses quartiers dans mon front. Juste ici, vous voyez ? Comme si ma tête n’était pas assez lourde et mes souvenirs pas assez lointains. Reviens, je t’en conjure ! J’augmenterai tes gages, je t’accorderai plus de temps et plus d’attention. Je te laisserai des petits mots d’amour un peu partout, sur le miroir de la salle de bain, dans la boîte à thé, à côté de tes stylos bien rangés, dans tes chaussons, sur la porte du jardin. Je te laisserai vagabonder, et même pieds nus, si tu le veux. Je te laisserai jouer les funambules sur la corde à linge. Je te laisserai sauter dans les flaques d’eau. Reviens, reviens. Reviens.

4 réflexions sur « Jour de congé »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.