J’ai réuni les fragments d’un vase morcelé. Chaque morceau placé l’un à côté de l’autre forme la mosaïque d’un temps que la mer a usé comme le sable. Les mains devant les yeux, je n’ose pas laisser s’imprimer en moi l’image ainsi formée.
En vidant la grande armoire, j’ai trouvé un petit miroir aux biseaux chantournés. Sa surface rayée appuie sur ma poitrine, m’imposant le reflet de la faille qui me traverse. De vieilles lettres ont refait surface, insensibles à la blessure ouverte, comme les eaux de la mer Morte.
Papillons de nuit reviennent me hanter, papillons blancs épinglés au mur de ma raison. Laissez-moi dormir et rêver d’une maison.
alors, venir commenter ici devrait m’obliger à te dire pourquoi je l’aime beaucoup celui-là. J’y réfléchis, et je ne trouve qu’une seule réponse, parce qu’il est simplement très beau. Il coule comme une émotion qu’on laisse faire, quels qu’en soient ses dommages ou ses bienfaits, les uns et les autres n’étant de toutes façons pas vraiment distincts.
XXX
Merci Cristelle. J’aime ce que tu dis sur l’émotion qu’on laisse faire, qu’on laisse s’écouler. C’est justement ce « travail » que je tente et étrangement (ou pas) c’est une sage-femme qui m’a montré la voie.
Bises à toi.
…
Si je me laissais aller je parlerai encore de musique…
(mais cela commence à être usé ce propos) (et pourtant…)
Parle-moi de musique, ou en musique! je rêve de t’entendre.
Vider son armoire, reconstituer les morceaux de soi et laisser voler les papillons en osant regarder leurs couleurs parfois effrayantes … un jour, enfin, trouver sa vraie maison. Ce sont de belles images pour parler de choses difficiles.
Tu résumes bien les choses. Merci.
Joli texte évocateur. Ne me frappe pas tout de suite mais je n’aurais pas ajouté « morcelé » après « vase », parce que si le personnage de ton texte en ramasse les fragments, hein ! :o)
J’aime beaucoup « les biseaux chantournés ».
Tu sais, j’ai une réputation de douceur à tenir, hein! alors que je ne te frapperai pas cette fois-ci, du moins pas en public ;o)
D’autant que ta remarque est tout à fait juste, augustine. Je me suis fait la même après avoir écrit le texte et j’ai choisi de maintenir la redondance. Si un jour je le retravaille, je remédierai peut-être à ça.
M’étonne pas pour les biseaux chantournés ;o)