Derelitta

Derelitta - Botticelli

Le balancement des choses devant le mur des oublis aux aspérités concaves usées par la pulpe ravinée des doigts des mémoires perdues au seuil de prairies d’asphodèles où le visage caressé par les hautes herbes les âmes cheminent levant haut leurs pieds sans chair et la brise tiède s’insinue entre les doigts écartés les paumes face à la colline où domine un rocher plat promontoire fusée figée le balancement des choses quand j’ai sauté à pieds joints dans une flaque de larmes elle pleure dans ses cheveux longs silencieuse je la suis pas à pas vers la barque amarrée là-bas assises face à face sur les bancs nous fendons l’eau sans ramer on aperçoit ses yeux avec au fond du paysage le désert rouge de l’est tu veux t’y fondre consumée par la mort d’un autre qui t’appelait par ton prénom dans le jardin un jardinier irreconnaissable l’arpentait avant de disparaître et tu pleures âme corps esseulé dans l’empreinte de ton pied une asphodèle apparaît le vent de vertige n’aura pas raison de toi.

*

(Texte initialement paru le 6 novembre chez La Méduse et le Renard dans le cadre des Vases communicants)

Illustration: La derelitta attribué à Botticelli, vers 1495, Rome, Palazzo Pallavicini Rospigliosi, Galleria Aurora.

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