1.
Tu pourrais être debout
face au mur
Ton regard fixe
pourrait créer la brèche
À l’usure
Être là
Pierre levée
ou
Coquelicot
Être là
Jusqu’à l’usure
Jusqu’à la brèche
2.
Tu voudrais être
les eaux du fleuve
qui enflent
Les eaux du fleuve
qui débordent
les murs
les murs les digues
les brise-lames
de toutes les eaux du monde
Tu voudrais te répandre
par dessus les bords
qui te contiennent
t’épancher dans les anfractuosités
des esprits sinueux
dans le creux des vallées
Tu voudrais saper les fondations
de leurs murs ceux que tu lèches
de tes vagues sourdes
et inconscientes d’elles-mêmes
t’infiltrer t’immiscer
dans leurs fissures
créer une voie d’eau
dans leurs certitudes
entrebâiller la brèche
ah la la, c’est terrible comme tu creuses l’idée… Et je repense à cette phrase d’Annie Dillard : « En écrivant, tu déploies une ligne de mots. Cette ligne de mots est un pic de mineur, un ciseau de sculpteur, une sonde de chirurgien. Tu manies ton outil et il fraie le chemin que tu suis. »
C’est exactement ce que tu fais, exactement.
creuser et ouvrir
brise l’âme
Quoiqu’en quatrième position je me demande si je ne vais quand même pas creuser l’idée et essayer de commenter…
@cjeanney: merc(k)i pour la citation.
magnifique…
Christine, merci, je ne connaissais pas Annie Dillard (pourtant j’avais lu ta belle chronique sur Jacques Ancet où tu la cites: http://pagesapages.wordpress.com/2009/10/23/le-silence-des-chiens-de-jacques-ancet/ ).
Brigetoun, oui c’est exactement cela.
Kouki, joli mot n’est-ce pas.
Luc, je vois que tu as réussi à vaincre ta phobie de la 4e position. Je te félicite. Et bravo à Christine, excellente dans le rôle de la thérapeute.
Nelly, merci à toi :-)
Pierre levée ou coquelicot… (soupir)
Anna, tiens, je te dédie cette pierre levée et ce coquelicot.
Merci pour l’écriture percutante de ce regard fixe, pour ce qu’il creuse en nous, et donne à voir de l’entrebaillement espéré de toutes ces brèches non advenues dans la géologie de nos corps.
Vos mots trouvent leur résonance dans nos esprits, cheminant leur ouverture en s’engouffrant dans les failles de notre âme.
Annie Dillard est aussi ici http://pagesapages.wordpress.com/category/litterature-etrangere/dillard-annie-lamour-des-maytree/
c’est une sacrée madame, je pense que tu l’aimerais, il faudrait qu’on s’organise un goûter toutes les trois… (avec de la brioche :-))
Je veux être géologue.
Daniele, merci pour cet écho à mes mots que vous m’envoyer, très beau.
Christine, je vais aller lire :-)
Mamzelle, j’organise une formation si tu veux ;-)
Et on étudiera les secousses sismiques et les éruptions sensuelles… :)
Je vois que tu connais déjà une bonne partie du programme! :-)