Morsure

Tu étais entré et tu avais rempli la pièce
de crachin et de brume
une goutte d’encre dans un verre d’eau

Tu étais cet inconnu au visage familier
qui sait déjà les fêlures intimes

Marche au vent marche dans la blessure du temps
hérissé de tessons et de clous
Marche encore
vite
cours

je m’éteins dans l’arabesque des aubes chancelantes
épuisée vidée du sang de l’ombre

Tu étais celui qui tenait des propos incohérents
Ou étais-ce moi au seuil de la brume en corps confus
De quelle morsure parles-tu ?

Tu avais pris possession des lieux incertains de ma vie
et posé ce voile devant mes yeux
transfusé dans mes veines la cage de l’indifférence
tu m’avais coupé de tout à commencer de toi

j’entends ce cri qui s’échappe de ma bouche
des files d’insectes noirs montent le long de mes jambes
dans le crépitement des secondes des secondes
des secondes qui perforent l’attente en miroir brisé

Tu avais vidé mes tiroirs et mes armoires
renversé les objets et les meubles
déposé partout la poussière de tes gestes
rempli même tous les interstices de ma vie

Je t’ai regardé faire
avec mon âme bâillonnée
dans le corps défait
de quelqu’un d’autre

8 réflexions sur « Morsure »

  1. Merci … la morsure de vos mots cautérise intimement toute surinfection de pensée qui aurait pu, dans la béance d’une plaie oubliée, surgir d’un lointain passé de morsures cicatrisées du souvenir. J’aime votre écriture mordante justement ! Merci encore.

  2. N’aimez nul autre qu’avec un voile d’illusoire splendeur .
    Princes et fées , mélo dit du bonheur .
    Nous y crûmes , nous y crûmes !
    Et nous voilà Coeurs en Croix .

  3. Nicolas, se faire grève, très joli ça :-)

    Luc, fuir et mourir c’est un peu pareil dans certains cas je suppose… Police Python 357, je ne sais pas si je l’ai vu ce film, c’est bien?

    Kouki, on est sur la même longueur d’onde alors…

    Luc, décidément, c’est une malédiction!

    Christine, merci! :-)

    Danièle, bienvenue et merci à vous. Je me demande si les anciennes plaies oubliées n’ont pas le pouvoir de lâcher des bulles de souvenir et de douleur qui viennent périodiquement éclater à la surface.

    Lebrac, cœurs en croix, oui, c’est ça. Merci.

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