Ce matin, j’ai le droit d’exister pour moi tout seul. Je prends le droit d’exister (…) Ce n’est plus cette sensation de vide qu’il faut remplir d’actes, de mots, d’oeuvres. Je goûte d’être immobile. J’existe d’avantage de ne rien faire (…) Exister justifie d’exister. C’est bon d’exister. Ça ne doit servir à rien d’exister. On n’est pas obligé de servir à quelque chose. On n’est obligé de servir à rien. On a le droit d’exister d’abord. (…) Jusqu’ici, il m’était incroyable qu’on puisse passer du temps sans rien faire et ne pas le sentir perdu. Le temps n’est pas rempli de ce qu’on y met. Mon temps se remplit par l’attention que je lui porte, par le goût que j’en prends, parce que je le considère, parce que je me considère, parce que je me suis restitué le droit d’exister.
Louis Evely, prêtre. Cité par Lytta Basset dans Paroles matinales, Labor et fides, 2003.