Trace du doigt au velours
Comme tu te courbes infiniment
Et grave en vibrant
la note alentie
Floue
Dans le mouvement muet mais sombre
Entends au loin s’efface
Trace du doigt au velours
Comme tu te courbes infiniment
Et grave en vibrant
la note alentie
Floue
Dans le mouvement muet mais sombre
Entends au loin s’efface
Regarde ce silence qui raisonne dans ta poitrine
Comme un battement d’ailes
Tu n’es plus
Où je t’attends
Il y a
Cette spirale
qui te tend les bras
Et ce corps éteint
les pieds dans la boue
Trace un chemin
un sillon
Léger
Je n’ai pas oublié ton empreinte
C’est encore cette courbure qui se tend
pour accueillir les secondes
ou chaque point de la ligne érodée
Moi je ne suis déjà plus là
encore transparente dans l’ombre
Mes miettes s’écoulent dans le vent
qui enveloppe le monde
à la recherche d’une racine
Pourquoi toujours commencer par Et
Le pouvoir de dire
sans le lien qui protège
et rattache l’image de ce bras tendu vers ce paysage blanc
C’est un souffle resserré qui passe à la jointure d’un sablier
Qui coule en sifflant doucement sur la pierre usée
et quand il peut enfin se répandre
ma poitrine se soulève et se détend
gorgée de poussière lumineuse
celle qui traverse les années depuis le fond arrondi du ciel
Une houle légère
Une brise courbant les nuages
La nuit creuse sa galerie dans mes entrailles
et j’y sombre
corps et
Peut-on marcher sur l’amertume
quelques pas sans empreintes
percés par les pointes du silence ?
C’est le corps te dis-je
mille fois replié dans la spirale des voix
humaines
et au centre d’un lac d’eau salée
cette barque sans rameur
ce n’est pas elle qui sombre
*
La nuit n’a pas fini de creuser
je sens l’acide de ses vagues
qui me lèchent
corps et
J’irai jusqu’à la barque
malgré la nappe de silence
sur les eaux salées
ça ou sombrer
Il fait nuit et il fait jour
et fasse que les sépare un midi
ou un minuit. J’attends
la fracture de l’aube et le craquement
du crépuscule.
Et pendant que s’ébruite
le vol des papillons
devant la Lune
pendant que transpire
la rumeur grondante
de l’orage
J’attends. L’aveugle a le pied
sûr je le suis dans les méandres
ruisselants d’une forêt
peuplée de mirages.
Autant de fantômes
enracinés dans le néant
oscillants sous la pulsation
des vents. J’attends
La trêve et puis l’orage
Et puis l’orage
avec à la main
la pointe d’une flèche.
Parfois
apercevoir une fleur
et ne pas en dire
un mot
J’écrirai les archives du vent
Et
En ce feu entretenu
D’un pas dans l’ombre
J’entre
enfin
Dans l’exil
J’écrirai les archives du vent
Une ombre a jailli
Sans déchirer le voile
Sans
creuser ce sillon
Sans
Effleurer
la terre et ma plaie
J’écrirai les archives du vent
Au nom de mes îles semées
Cachée derrière la porte
fermée
Derrière
la dernière trace
d’écume
Comme une main levée
J’écrirai les archives du vent
Et même la nuit
me déshabillera de ma peau d’encre
accroupie devant le feu
j’irai
Dans le même temps
étincelle
et poussière
étincelle
et poussière
dans l’ombre
qui danse
Tu as pour nom
colline
sans visage
ouverte à la nuit
colline
sans
visage
au
bûcher des terres nues
tu traverses
ma gangue
et
ta langue râpeuse
m’extirpe
dans la nuit qui flambe
dans la flamme rauque
j’ai cru voir
colline
sans visage
tes
yeux
auprès des fleuves
esquissés
ils psalmodiaient
colline
le long
de
ta voix
ébréchée
par le vent
sans
visage
le
chant
des trembles
et des saules
en sifflant
visage
visage
visage oublié
colline
à
ton nord
fuyant