Dans la marge repliée du ciel
on contemple les océans défaits
et les arbres arrachés
on compte
las
la fixité des secondes et le silence des corneilles dans les champs
qui miroitent leur pluie contenue et leurs braises éteintes
on brume
on brumine
on assassine
on arrache son propre cœur pour le jeter aux ordures
a-t-on déjà vu ça
une décharge de cœurs à ciel ouvert ?
dans la marge repliée du ciel
on se retourne pour ne plus voir
on montre au monde
son dos zébré
on laisse échapper quelques gouttes de son sang
qui précipitent dans la mer pourpre
on poursuit la danse d’un sac en plastique en déréliction dans les rues
qui imite l’abandon de la feuille du platane aux rafales urbaines
dans la marge repliée du ciel
on dort d’un sommeil de houle glacée
on voudrait fermer les yeux
mais un grain de sable s’est insidieusement glissé
dans les rouages rouillés
de nos esprits
décorcelés