Ébauche d’un portrait

Puisque le temps s’est retiré
Tu puises dans un lieu
Que je ne puis dire
Désert en silence
Où le plein est en creux

La raréfaction du sens
Te répond par la chute
D’un signe non pas
Celui de la main
Dont l’empreinte a disparu

Et je te crois
Tu parles d’un chemin
Étroit comme un fil
Où seule la feuille
Se plie pour passer

Missive montant
Ce Novembre en filigrane
Ton portrait
Obscurci dans la seconde
Figée

Guérison

Quand la langue dépecée
Mots arraisonnés devant
Moi Quand les ruines
Lacérées se rangent
À l’endroit tu
Crains soudain
Cette violence aux bords
Coupants
Comme ce
Ruban noir qui coule
Dans tes veines
Et
Ton reflet défiguré
Sur un vitrail
Bleu qui pourrait
Être la lucarne du ciel
Par où s’échapper

Fragment de l’ombre d’un songe


À l’aube qui tombe du rêve qui erre
Enfant frêle du silence au détour
D’une dune immobile

Avec mon corps inerte je m’accroche
Et tu traces une ligne de couleur
Au milieu de mon visage que tu encoches
Jusqu’à mes pieds au travers du cœur

Et je voudrais ne plus sentir l’heure
Seulement ne pas voir l’acrobate qui s’enlise
Et fait couler le silence qui aux lèvres affleure

Si tu aimes la nuit

Si Tu Aimes la Nuit,
Tu as posé le pied sur la ligne
Qui me sépare du monde
Je me suis toujours demandée
Par quels chemins tu avais
Saisi ce fil étranger

Tu as fait apparaître
Une cascade de mots en litanie
Derrière laquelle j’attends
Mon ombre allongée
Je me suis toujours demandée
Comment tu avais su
Tirer ce trait messager

Il a dit
“Créer des liens”
Je suis derrière la cascade
Rideau fêlure d’un monde
Ombre d’une ombre
Sur le mur d’eau en fusion
Aux vagues perséphones

Il a dit
“Si, j’y gagne, à cause de la couleur du blé”
Et il faudra dire
Tu pourrais ne jamais revenir
Tu pourrais avoir perdu le fil
Derrière une cascade opaque et sombre

Et je dirai
Si, j’y gagne, à cause d’une cascade
Une tourelle, une plage d’or fondu
A cause des étoiles dans le sable
Et des mystères irrésolus

Je glane tes mots

Je glane tes mots
En épis côtiers

Pour entendre encore
Ton rire d’écume

Quand tu glisses
Sur tes épaules rondes

Cette roide étole
De bure brillante

*

Tes mots grains à moudre
S’accrochent à ma chemise

Et tu ris du désordre
De mes cheveux d’embruns

Je lisserai leurs vagues
Quand le mot amour en cage

Effeuillé en grains de sable
Aura quitté tes lèvres de corail

*

Bouclier percé
Ou Digue ébréchée

Tes mots s’écoulent
Et je les moissonne

Dans le courant
D’un chemin étroit

Où pousse l’ortie
Qui tisse ta robe bleue

*

Crêtes moutonnantes
Je caresse tes mots

Qui se mélangent
Au plantain lancéolé

Dans cette prairie
De ton rire

En forme de goutte de pluie
Où je me suis endormie

La mésange

Tu gisais devant la porte

Ton corps
Minuscule et magnifique
Tenait dans le creux
De ma main

Avec au cœur
L’espoir thaumaturge
J’ai fait ce geste
De la mère à l’enfant
J’ai caressé
Doucement tes ailes bleues
Ton duvet gris

Tu aurais pu être
Comme un nourrisson endormi
Si petit et aussi peu
Rigide qu’un baigneur

La pauvre, la pauvre
Disait doucement
Ma toute-petite
Qui ne connaît la mort
Que celle dont on se relève

Mais tu n’as pas frémi

En guise d’adieu
Nous avons soufflé
Pour toi
Une salve de bulles

Dans le couchant

Séisme

Quand la glaise
Palpite
Sous les doigts
Quand la terre
Tremble
Sous les ciels

Une barque
S’échoue
Sur un rivage
Une vague
Se brise
Sur un écueil

Et

Les arbres
Frémissent
Dans l’ombre
Les oiseaux
Chantent
Dans la nuit

Quand la lune
Se dissout
Dans la brume
Quand la lumière
Se recroqueville
Dans l’étoile

Éteinte

Rouge pluie

Ta vie vécue comme la coupole d’un jour inversé

Tu m’as appelée dans ce rêve de la ville
Quand pourtant tu sais que je bats la campagne
Quand la guerre couve toujours dans ses braises
Et je m’y chauffe les mains tendues
Malgré moi

Ta porte réticente à me laisser entrer
Claque au vent immobile de ton absence
Et sur le mur de ta chambre j’ai vu
Cet étrange panorama c’est moi
Que j’y vois assise avec ma fille

Elle s’endort soudain à même le sol
Aspirée dans un jeu que nous avions inventé
Ensemble cette course dans le champ
Et cette cabane de drap blanc
Et cette bataille silencieuse

Sous la coupole des jours perdus

Miroir

Nous jetterons les dé-
……….Sirs qui ne sont pas
Partagés dans le feu
Qui borde la forêt

L’onde légère
Courra sur le
Crépuscule
L’aube lointaine

Nous nous souviendrons
De ces jours
Du bleu au rouge
……….Qui glissent

Les bras plus
Hauts que les yeux
S’ouvriront
Plongeant dans l’ombre

Nous nous dévoilerons
Et nus
Nous disparaîtrons
Au fond de l’absence

Abécédaire martien

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Le feu

Jardin caché et sombre
Profond et délaissé
Le cours tortueux des glycines
Comme une émeraude
Envahissante qui rayonne massive
Au fond
Et tout se confond dans la torpeur
Des calmes canaux au fond
Desquels pourtant rien ne repose
En paix

Je me suis perdue dans le feu
Des murailles

Les gouttes de pluie
Salées de la lagune
Atteignent pourtant
Ce jardin si mal enfui
Au fond
Mais je sais que plus je le parcours
Plus il s’abîme
Dans les calmes canaux au fond
Desquels pourtant rien ne repose
En paix