Présence de l’arbre

Je suis l’arbre
L’arbre me suit

Je l’enlace
Il me retient

Sa sève s’insinue
Dans mon sang

Et mon cœur
Pris dans l’entrelacs de ses branches
Bat comme le tam-tam des temps futurs

Je me fonds dans son écorce rude
Tandis que ses racines grondent en silence
Couronne d’un royaume souterrain

Ses feuilles aux limbes vibratiles
Me dévoilent et me dissimulent
Quand mes pieds s’enfoncent
Dans la terre noire au bord du vide

La nausée tend ses bras
Et je tombe dans la pupille croissante
De la nuit
Dissoute

Mais toi l’arbre
Tu n’as pas frémi

Enlace-moi
Et ferme les yeux

Gravitation

Prenons une muse et coupons-la
Dans le sens de la longueur Dis-tu
D’ici j’entends la cause Scylla
De ta langueur diffuse têtue

Une trêve une pause décidée
Pour terminer ce rêve éveillé
Sur la lune marchons sur la tête
Un pied puis l’autre au bord de la crête

Création

Fleurs d’aube annulées
Perdues traversées
Attendez l’essaimage
Des jours en coupole

Cœurs d’étoile absorbés
Fendus égarés
Défendez le rivage
Des retours déformés

Suspendez ensemble
La lampe sourde
Et brûlante et cachée

Car Il a pris son envol

Le jardin atlantique

Gris de marine mer encerclée
La ville te retient en sa digue morte
Corps offert sous ta bise salée
Imaginaire l’orage t’a prise

Tu m’as prise pâle chair posée
Légère au creux de ta main
Elle frémit je ferme les yeux
La mer est montée

Dans notre désir nous serons noyés
Joncs et rochers regardent vers la porte
Close désormais en ton âme éprise
Tu me retiens en ce jardin

Elégie

Comme un astre éclipsé
Qui sort de la pénombre
L’ombre enfuie
Dans la profondeur
Accepte en son miroir
Tous les astres du ciel

Réverbérations invisibles

Il y a des milliers de ciels
Dans le ciel
Et quand le jour finit
On commence à souffrir
Du trouble des soirs
De l’énigme du silence

Mais que pourrait-il sortir
De notre mer morte
De véritables dieux
Des oiseaux dans la terre
Qui en chantent le deuil

Mais je reviens encore
Je recommence
Arrivée de toujours
Qui m’en irai partout
Où l’eau tranquille
Est si transparente
Dans la fraîche clarté

Et toi où me conduis-tu?

Imprécision

Vide comme trop-plein
Profondeur comme vertige
Evasion comme bleu du ciel
Vie comme absence
Temps comme l’arc et la flèche
Nuit comme ailleurs
Aujourd’hui comme quête
Hier comme enquête
Absence comme itinérance
Eveil comme silence
Vide comme trop-plein

Elégie

Triste ou tendre la voûte
Envolée par la porte
Dérobée dans ce cadre noir
Puits d’ombre écoute
L’arc qui se dissout
Quand viendra voir
Par la fente rayée
D’un volet déplié
Les feuilles mortes
Evaporées
Dans les vestiges du soir

D’autres portes et fenêtres.