Les adieux d’André et Dorine

L’écologie politique vient de perdre l’un de ses fondateurs, André Gorz. Cette nouvelle m’a beaucoup émue et je voulais la partager avec vous.

« Prévenir la gendarmerie », « des lettres attendent » : c’est le message qu’ont laissé sur leur porte le philosophe André Gorz, 84 ans, et son épouse Dorine, 83 ans, retrouvés morts, lundi 24 septembre, à leur domicile de Vosnon (Aube). Les deux octogénaires reposaient côte à côte. Près d’eux, l’amie qui leur rendait visite a trouvé des courriers à l’intention de leurs proches.

De son vrai nom Gérard Horst, l’auteur d’Ecologie et politique et des Adieux au prolétariat, longtemps proche de Jean-Paul Sartre, avait pris sa retraite en 1983 pour s’occuper de sa femme, atteinte d’une affection évolutive qui s’est doublée d’un cancer. Très épris, le couple s’était retiré dans cette maison, à 35 kilomètres de Troyes. Un voisin les a décrits comme « des gens simples et accueillants ».

Jean Daniel, avec lequel André Gorz fonda, en 1964, l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, où il fut rédacteur en chef sous le nom de Michel Bosquet, a vu dans leur décès « l’écrasante beauté d’une communion dans le suicide de deux amoureux octogénaires ». Le président Nicolas Sarkozy a « salué », dans un communiqué, « le singulier destin » du philosophe, « grande figure de la gauche intellectuelle française et européenne ». André Gorz aurait fait part à une amie, il y a quelques jours, de son désarroi devant l’aggravation de l’état de santé de son épouse.

Dans un ouvrage paru en 2006 et qu’il voulait le dernier, « Lettre à D. Histoire d’un amour » (éditions Galilée, 76 pages), André Gorz écrivait à Dorine : « Tu viens juste d’avoir quatre-vingt-deux ans. (…) Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Récemment, je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide débordant que ne comble que ton corps serré contre le mien. »

« Cette présence, ajoutait-il, fut décisive dans la construction d’une oeuvre dont la visibilité ne porte qu’un nom alors qu’elle fut celle d’un couple, le fruit d’un long dialogue. » – (AFP.)

6 réflexions sur « Les adieux d’André et Dorine »

  1. Cécile> oui…
    nicole> bienvenue! en te lisant je me demande… on dirait que tu es touchée personnellement par ce qui est arrivé à ce couple… A bientôt, j’espère.

  2. j’ai été boulevrsée aussi ; s’aimer a se point ; waouw…. prenons en de la graine. notre quotidien parait si petit , si etriqué a coté de cette grandeur d’âme….j’ai aimé a la folie ce livre , beaucoup pleuré. tu es libre pour le thé jeudi?

  3. je passerai chez toi car , comme d’habitude avec tous mes schtroumpfs, je suis tenue de respecter des horaires et c’est toujours plus simple de partir de chez quelqu’un que de le mettre ( a regret ) a la porte de chez soi….

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