Le bout du rouleau

Je m’attendais à ce que faire avancer plus radicalement les choses serait difficile et douloureux. Je crois qu’une partie de moi croyait à un miracle, à une guérison spectaculaire… Il n’en est rien. Mon corps me fait douloureusement sentir que ces liens — ces entraves — que j’essaie d’arracher sont bien ancrés en moi. J’ai maigri, j’ai les entrailles qui hurlent leur peur, je suis fatiguée, si fatiguée…

Je ne peux, ni ne veux revenir en arrière. La culpabilité me ronge et la peur, la peur panique de l’abandon. Il y a une petite fille en moi, terrorisée. Mais je ne peux revenir en arrière, reprendre ces mots que je leur ai dits, la vérité, ma vérité. Peut-on vivre toute sa vie dans la peur, le mensonge, l’hypocrisie? Pieds et poings liés à en étouffer? Oui bien sûr, tellement de gens vivent de cette manière. Mais je ne peux plus. Je me sens comme une plante aux feuilles jaunies, par défaut de lumière et de soins; comme ces princesses de contes, enfermées dans la plus haute tour du château.

Je suis arrivée au bout du rouleau et c’est une excellente chose. Un rouleau si long, que j’aurais pu ne jamais en voir la fin. J’ai tellement appris à supporter d’être si mal aimée. Supporter cette souffrance, le prix à payer pour quoi? ne pas être abandonnée? cruelle ironie finalement. Il n’y a pas besoin d’être conduit au fond de la forêt pour se sentir seul.

Aujourd’hui, j’ai choisi de descendre aux enfers, affronter mes démons, et me vider de toutes les peines du monde. Mais, comme Dante, j’ai un guide; et des soutiens aussi, l’homme de ma vie et un petit enfant, si petit, et si vivant…

Dernières traces d’un autre carnet
Sérénissime, 28 février 2007.

6 réflexions sur « Le bout du rouleau »

  1. si il ne s’agissait pas de toi, je dirais que ce texte est magnifique d’un point de vue purement littéraire…. le contenu me glace le sang , les os ; la peau… est ce si dur ce que tu vis? j’aimerai te voir , est ce possible?

  2. Rassure-toi, les choses ont avancé depuis février dernier. J’avance, à petits pas, mais j’avance ;) .
    Bien sûr c’est possible de se voir! Je te mail sur le champ!

  3. Comme tu avances!
    Toucher le fond permet parfois de rebondir.
    Comme j’aime ton blog;tant de beauté, tant d’espoir.
    Je t’ai envoyé 3 commentaires la dernière fois et un seul est passé:je te lis, fidèlement.
    Charlotte

  4. Bonjour Apprentie et merci pour ton commentaire sur mon blog, il me touche beaucoup :-)

    A te lire ici, je me demande si nous ne nous sommes pas déjà croisées sur les psycho’s blog, à l’époque j’y avais établi mon royaume pour solder les comptes de mon enfance.

    Et le plus extraordinaire, c’est d’y être arrivée avec l’aide entre autre d’Alice Miller ;-)

    Ton domaine ici est féérique, je crois que je vais y passer du temps.

  5. On se serait croisées sous d’autres noms alors? Ce monde est si petit! ;)
    A bientôt, L’Arpenteuse (décidément, que j’aime ce nom-ci…)

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