Je vous écoute sans savoir comment vous entendre. Je suis déjà partie, et vous le savez, sur ce chemin qui commence ici. Mon regard tombe de l’horizon à mes pieds, sans que je puisse le redresser. C’est le chemin qui l’avale, longue langue au goût de terre. J’hésite à marcher dans les herbes du milieu. Ou dans les ornières. Si je sortais mes mains de mes poches je sentirais les piqûres du froid dans l’air creux. Ou, les paumes vers la terre caillouteuse du chemin, c’est l’énergie du monde qui les traverserait. Mais je garde mes mains dans mes poches et j’agrandis le trou dans la couture. Du sable s’en écoule et file entre mes doigts, que je ne me souviens pas avoir ramassé. Je trace ainsi une ligne involontaire, perpendiculaire à la ligne imaginaire que mes yeux refusent de regarder. Je ne sais pas comment vous entendre et vous le savez. Vos lèvres remuent, mais c’est un air de piano qui a capturé mon âme au bord du chemin. Celui qui commence ici. Je suis déjà partie. Vos lèvres remuent encore. J’ai choisi de marcher dans les herbes, au milieu. Les mains dans le vent, j’embrasse l’énergie du monde qui s’écoule de mes doigts. Mes yeux avides percent l’horizon qui s’enroule autour de moi. C’est avec ce fil bleuté que je raccommoderai mes poches. Et vous n’êtes plus qu’un point. Un point qui aurait des lèvres. Des lèvres qui remueraient. Mais c’est un air de piano que je poursuis jusqu’au soleil couchant. En dansant comme un coquelicot dans le vent. Sur ce chemin qui m’aspire et où je disparaîtrai. Dans la ligne imaginaire de mes pensées.
Coquelicot qui danse dans l’herbe, les poches crevées rafistolées de bleu sur la gnossienne III; je m’emporte l’image et pars dans cette belle journée
Vous suivre c’est me survivre à chaque instant dans la grande marche du temps . Ce temps suspendu à vos lèvres de vent .
Quel beau voyage en catimini que vous me proposez là .
Un voyage naturellement imaginaire , subliminaire , vers le corrolaire des combinaisons où je m’abyme .
Kouki, tu as vu que ce texte t’était spécialement dédié avec le coquelicot et le fil bleuté ;-)
C’est vrai que la « Peace piece » de Bill Evans ressemble à du Satie.
Lebrac, j’adore votre subliminaire. Un voyage en catimini, c’est tout à fait ça.
« Si je sortais mes mains de mes poches je sentirais les piqûres du froid dans l’air creux. »
On s’y croit. On y est. J’y suis.
C’est marrant. Je me disais que si tu passais par là, ton commentaire tournerait autour des poches ;o)
Rhaaa ben oui ben alors ! C’est achetement important, les poches :o)
Je le savais! ;O)
Enchanté de faire ici connaissance.
Bienvenue Olivier et enchantée de même.