Eau le corps

les zébrures du temps
sur sa nuque renversée
ont

jambes de mer
dans le ressassement des galets roulés par les vagues

elle dit
je suis ce carreau descellé
dans la pièce de ta vie
qui oscille et bruit
quand ton pied l’effleure

il dit
je suis la main de la pluie
qui trace un chemin sur ta peau
toujours le même toujours
un autre mon labyrinthe

ils sombrent dans le frémissement de la houle
en désordre
empreinte

dissimulée en cercles concentriques
tangue l’onde de choc

aux corps d’eau
vont

dans l’agitation de leurs pensées

9 réflexions sur « Eau le corps »

  1. Ce matin alors que je te lis maintenant depuis un moment je sens presque physiquement cette exploration patiente que tu mènes, comme un chien qui va dans les jours, parcourt son territoire, reste songeur couché au soleil, à la fois en vie, en accord avec son corps et la chaleur et en accord avec le regard qu’il porte sur sa vie (pourquoi les animaux aussi n’auraient-ils pas ce regard réflexif ?).
    J’ai particulièrement senti ce regard dans Parfois le monde. Très beau texte. As-tu lu la poésie de Pessoa ? Le Gardeur de troupeaux ? Il y a quelques textes comme ça où il est à la fois sensation et regard sur le lui et le monde.

  2. ce texte est très beau, j’y sens à la fois une grande maîtrise attentive, précision langagière des sonorités, et un grand « lâcher-prise » dans l’expression, où tu ne musèle pas le ressenti, où tu fouilles et le coince dans ses retranchement, une mise à nue. C’est un double-mouvement en fait. Et ça créé du beau.
    (voili voilou, ceci est le commentaire le plus vasouillationeux de l’année en cours, je peux faire mieux, hein, j’ai encore douze mois pour gniognioter :-))

  3. Kouki, la neige qui tombe sur la mer c’est beau :-) (sur les chaises de jardin en fer forgé fils et volutes c’est beau aussi ;-) )

    Luc, moi j’ai toute confiance en toi, ça sera superbe. Point.

    Gilles, je me vois plus en chat qu’en chien ;-). Merci pour ta lecture attentive, jour après jour. Ton regard sur mon travail m’apporte beaucoup. Je me dis que l’exploration doit forcément paraître patiente, quand j’ai du mal à la ressentir comme telle. Mais en fait si, au sens étymologique de pâtir. Écrire est une expérience de vie très forte et certains jours j’en fais un peu les frais, comme hier. Ce poème a eu du mal à naître. Je me sentais écoeurée (au sens physique du terme) avec la peur d’être prise par un dégoût de l’écriture. Et finalement quand j’ai réussi à écrire, j’étais transie de froid et grelottante sans autre raison (en dépit du temps) que de lâcher enfin prise comme le dit Christine dans son commentaire.

    Christine, ton commentaire ne me semble pas vasouilleux à moi. Je comprends ce que tu veux dire par ce double mouvement. C’est dur de lâcher prise. Je ne m’y force pas, mais je préfère quand un verrou saute tout seul, subitement, et qu’on est pris dans un courant qu’on a plu qu’à laisser se déverser (comme pour mes Ascenseurs chez toi). Je sens que j’ai encore beaucoup beaucoup à lâcher. Et c’est assez effrayant, en même temps que grisant et troublant.

    Merci à tous de m’accompagner dans ce processus d’écriture qui est comme une naissance.

  4. « Welcome back Depluloin »? Moi qui entrais ici sur la pointe des pieds.. (« Mes deux blogueurs préférés ont pris leur dimanche », ça m’a mis dans un état, mais dans un état!)

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