Archives de l’auteur : Serenissime
Mars, 9
Or l’eau se fond dans le mystère de sa transparence et clôt le rivage de la tête : Diastole. Systole.
« Les objets contiennent l’infini »
C’était il y a longtemps, nous longions paisiblement la côte quand l’horizon devint dangereux. Fendant la terre. Trouant le réel. C’est dans une ligne que se résout cette énigme. C’est dans une ligne que tombe la mer et que disparaît le vertige. La perte de l’équilibre était dans l’horizon. C’était il y a longtemps. Ainsi devraient commencer tous les récits.
Claude Royet-Journoud, Les objets contiennent l’infini, Gallimard, 1984, p. 53.
(Poezibao)
Mars, 8
Le vent n’a pas d’oreilles, mais il chante l’ode de la pierre.
La mer tuméfiée
La mer tuméfiée
Embruns vent de poussière
Grise suspendue
ImmobileTa voile miroir
Se brise fragments
Tessons en nuages
Ancrés
Mars, 7
Naufrage de celui qui pénètre dans le cercle de l’envahissement : le cercle s’étend, mais la pierre coule doucement.
Marcher sur la pointe du jour
Marcher sur la pointe du jour
La route passage enveloppé
Genou fléchi
Sous l’écorce sable
Telle
La fuite en glissant
Marcher sur la pointe du monde
Un navire désolé
En échec
Akène fuyant
La grève grise
Au tournant
Mars, 6
Prends cette pierre et déchire un pan de ciel. Par cet oubli nous apercevrons peut-être la qualité du vide.
Marque-page
Mars, 5
Le trouble de la joue s’ajoute à l’émeute de l’égarement dans la couleur.
Réverbère sur la Lune
Mars, 4
Le pinceau exécute la permanence du mime et dépose délicatement une perle d’interrogation sur le sol de l’espérance.
Réverbère sur Mars
Mars, 3
Nous nous appuyons sur le vide pour danser délicatement comme font les marionnettes au son du marteau.
Une Samaritaine
Toi que l’on dit qui bois de cette eau presque absente,
Souviens-toi qu’elle nous échappe et parle-nous.
La décevante est-elle, enfin saisie,
D’un autre goût que l’eau mortelle et seras-tu
L’illuminé d’une obscure parole
Bue à cette fontaine et toujours vive,
Ou l’eau n’est-elle qu’ombre, où ton visage
Ne fait que réfléchir sa finitude ?
— Je ne sais pas, je ne suis plus, le temps s’achève
Comme la crue d’un rêve aux dieux irrévélés,
Et ta voix, comme une eau elle-même, s’efface
De ce langage clair et qui m’a consumé.
Oui, je puis vivre ici. L’ange, qui est la terre,
Va dans chaque buisson et paraître et brûler.
Je suis cet autel vide, et ce gouffre, et ces arches
Et toi-même peut-être, et le doute : mais l’aube
Et le rayonnement de pierres descellées.
Une Voix, Yves Bonnefoy, in Pierre Écrite