je m’étendrai à même la grève
la nuit bordera ma couverture de sable
et la mer chantera sa berceuse
à mes oreilles en forme de coquillage
quand la tempête aura glissé jusqu’à moi
je serai prête
je ramasserai la nacre du ciel
et je lui offrirai à genoux
dans le tohu bohu d’avant la création
j’ai entendu battre les pulsars
c’était l’impulsion
qui
manquait au mouvement des corps
marchant sur la grève
au rythme
exaspérant
d’un pas en arrière
d’un pas en avant
vagues vagues
et quand je me suis retournée
la mer avait disparu
dans la remontée du temps
chantant sa litanie d’étoile en étoile
langue brillante de sel
la trace du dernier coquillage
dans le sable veuf
qui m’avait enveloppée
dans son secret
Vague , vague
Je pense , avoue .
Inconsolé , inconsalable .
La mer a nos noirs silences recouvert .
je m’indélimite , indéchiffrable , au tombeau de nos traces .
J’ai heurté moi aussi les rivages fluctuants des baisers de mer .
Qui s’en sont retournés , émaux émus , vers de nocturnes funéraires .
Dispartition de la mer .
Tant de notes ont le goût de sel .
De celles qu’on aime mais que l’on quitte .
Que l’on aime à quitte ou double .
De ces voyages élémentaires dont on ne jamais s’acquitte .
Partir , revenir
se larver un peu plus au fil du fil .
merci Juliette, et comme ta mer est ample, large ! me sens en sécurité, à côté de toi, à cause de « quand la tempête aura glissé jusqu’à moi je serai prête » qui n’est pas rude, pas un combat, un accompagnement. merci
chanceuse Christine à qui est dédiée cette ôde … j’aime beaucoup la fin, le sable veuf. Tu es belle avec tes oreilles de nacre
Encore un beau texte qui m’a, cette fois, entraîné dans les ciels étoilés où l’on quête les secrets de la naissance de ce monde et le secret de sa propre vie (Jean-Pierre Luminet en parlait de façon lumineuse à la radio la semaine passée). Beaucoup de sécurité comme le souligne cjeanny, de « apaisance »….. Sécurité que j’ai ressentie hier dans Lyon couverte de neige, la neige a aussi cette vertu de remettre dans un état de calme intérieur ou antérieur.
Lebrac, j’aime votre « je m’indélimite » et aussi vos baisers de mer.
Christine, en fait je suis surprise du contraste entre l’atmosphère de ce poème « apaisé » et l’état intérieur dans lequel j’étais en l’écrivant (exaspérée et en colère). Peut-être que, en première analyse, cela traduit l’effort que j’ai fait sur moi-même pour me calmer pour pouvoir écrire, recréer autour de moi la coquille sécurisante d’où je peux lancer les mots comme une ligne de pêche.
kouki, merci ma belle :-)
Gilles, Jean-PIerre Luminet j’ai en effet vu son nom hier en allant sur France Culture écouter Valérie Rouzeau. Un poète astrophysicien (et réciproquement), ça me plaît ;-).
Étonnant pour moi cette sécurité que vous mettez en exergue Christine et toi. Et puis peut-être pas finalement: j’ai ressenti l’écriture de ce poème comme un pas en arrière (ce qui apparaît littéralement dans le poème), c’était sûrement un pas en arrière pour retourner en terrain connu après avoir pris un peu plus de risques ces derniers jours. Avant, je l’espère, de reprendre mon cheminement.
Je…
Non, rien!
je travaille pour être à la hauteur…
Bon j’y retourne
(en aparté: A Z E R T Y … Comment mettre tout ça dans l’ordre pour être à la hauteur?… Voyons!)
la mer disparue ?
et toujours la mer de sable et de sel
toujours la mer
Luc, par exemple:
Aurore ou
Zéphyr
Ecoute le
Roman des amours de
Tristan et
Yseult
Gilbert,
c’est vrai, la mer disparue, c’est l’impensable. Sel ou sable elle s’appelle alors désert?